Dubai, 7 - Les mots qui nous font penser - Raisonnance

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1. Ton propos sur la démocratie est particulièrement pertinent aujourd'hui, quelques jours après les élections américaines.
2. ah oui très bien ça et en plus LE STAGIRITE (un des meilleurs assurément)
3. Je peux démistyfier un truc qui n'a pas été cité mais qu'on entend souvent ?
   Beaucoup de gens ne retiennent qu'une chose de la Novlangue d'Orwell, celle d'articuler un contraire à partir d'un "modèle idéal". Bon, Inbon, comme le présente l'auteur.
   Or, ça fait trois ans que je parle espéranto et je peux vous affirmer que aucun espérantiste au monde ne définit le mal par le non-bien, du moins pas plus que dans une population normale, alors que sémantiquement, mal se dit bel et bien "[particule servant à former un contraire]-bien" en espéranto. Vous pouvez déjà constater la différence dans votre expérience de tout les jours entre 60 et 70. Quand on vous dit soixante-dix, vous ne voyez pas 60+10, mais bel et bien 70. De même avec 80, athée, incapable, incroyable, etc.
   En soit, il ne faut pas oublier que cette force de manipulation mentale n'est pas déterminé par la nature sémantique du mot, mais par son usage, et si l'usage est lié à la nature pendant un temps, il en dérive facilement (en témoigne le mot "cathédrale" en français, qui vient de catedra en latin, qui signifie une... chaise).
   Donc, en somme, cette capacité de manipulation mentale n'est pas du au mot lui même mais à la manière dont on s'en sert. Si les gréviste se mettent à manifester en disant "fuite fiscale : l'état a cotisé [montant des fuites]" (c'est un peu forcé mais saisissez l'exemple), le sens évolue. Ici, il devient "gaspiller, laisser fuir".
   La tare de la machine n'est donc pas le langage, mais le débit auquel on s'obstine à le renouveler, qui, quand il ne suit pas l'usage mais le force, relève bel et bien d'une technique de manipulation. Ca s'oberve d'autant plus que le mot "mal" en français est associé justement au mal, alors que le mot "maldekstro" (gauche) en espéranto n'a pour moi ni pour aucun espérantiste l'ayant utilisé une connotation péjorative. Ici, on est sur le plan phonémique, mais ça fonctionne pareil. De même "argent" en arabe n'est pas négatif, pour moi, locuteur francophone, alors qu'il se prononce bel et bien "mal".
   De plus, s'il n'y a pas de renouvellement conditionné, la force de manipulation du mot s'éteint rapidement. Exemple avec les centrales nucléaires, autrefois appellées atomiques, mais dont l'appellation a changé pour ne pas être associé à la bombe atomique, centrales qui ont bel et bien retrouvé leur connotation péjorative de par l'expression "déchet nucléaire radioactif".
   En somme, une novlangue n'est pas une langue abrutissante, mais une langue en perpétuel changement, trop rapide pour que les locuteurs de la langue puissent correctement se réaproprier l'usage (ou trop figée pour suivre l'usage nouveau que tente de générer les locuteurs). Ou alors une langue dont le vocabulaire novlangu-ien n'est jamais utilisé par quelqu'un d'autre que les politiques, et dont l'usage ne peut donc évoluer.
   
   PS: cet exemple en espéranto n'est que relativement fréquent. Il y a bien un mot pour "guerre" et un autre pour "paix", un pour "courir" et un pour "marcher", etc. D'ailleurs, les espérantistes eux-même ont tendance à utiliser des néologismes pour désigner certains contraires. Eh oui, force est de constater qu'apprendre la langue ne les a pas abrutis du tout... J'aurai même tendance à dire que sa structure agglutinative (comme en allemand, on colle les mots qu'on veut ensemble) à tendance à la rendre bien plus subtile, à certains égards, que le français (essayez de traduire "pufeco" et on en reparle ;) ).
4. Vision très gauchisante.
5. Bravo! merci pour cette vidéo! Moi qui suis fan de sémantique, je ne peux que plussoyer!
   
   PS: un petit thumb up pour Alain Badiou en passant? ^^
6. Bien la vidéo...